La collection hiver 2009-2010 de Dries Van Noten, dont les mariages de couleurs à la fois nobles et dérangeants sont inspirés de Francis Bacon, joue la carte du malaise. Les roses chairs dénudent autant qu’ils habillent. Sous ces manteaux de peau, les bleus lavandin et les mauves, les bordeaux lavés de brun, les ocres et quelques brillances çà et là évoquent des applats de fards mal assurés sur un visage laiteux. La gaucherie n’est qu’apparente, quelle intelligence des couleurs ! La palette est terrible, magnifique et vibrante. Son audace est soulignée par l’ampleur douce des coupes, les cuirs précieux, le mohair et la soie. De la même façon chez Bacon, les corps démantelés, ballots de chair et d’étoffe dont semblent s’être échappées les âmes, sondent la question de l’humain, charmant bourreau et victime ambiguë.